Published on March 30, 2020March 31, 2020 in Covid-19/Headlines
Quelles leçons tirez-vous des deux dernières semaines ?
On se rend compte de l’importance d’avoir une industrie alimentaire et une filière agricole qui fonctionnent. Au début, il y a eu une certaine lourdeur dans l’octroi de nos permis. On considérait encore, et j’espère que ce ne sera plus le cas, que les systèmes bancaires et d’autres services immatériels étaient vitaux. On a vite compris que l’alimentation était essentielle. Or, l’alimentation, ce n’est pas un bouton ON sur lequel on appuie pour que tout sorte des usines. Il y a toute une chaîne logistique qui s’est stoppée brutalement. Pour la rendre de nouveau opérationnelle, il faut des personnes sur le terrain. Nous sommes dans un secteur vital. On ne peut fonctionner correctement avec une équipe très réduite. Le secteur manufacturier local dans les produits essentiels compte plus de 11 000 salariés au sein de l’AMM. A ce jour, nous avons pu obtenir un certain nombre de permis : 30% de la masse salariale des 52 entreprises soutenues dans leurs demandes. Cependant, cette semaine s’annonce compliquée. La production doit redémarrer car les supermarchés seront ouverts et il faudra livrer les commandes passées en ligne.
Justement, quelles sont les priorités de l’AMM pour les prochains jours ?
D’abord, il faut impérativement débloquer le port où se trouvent de nombreux conteneurs, indispensables pour assurer la stabilité de notre supply chain. Ces conteneurs doivent sortir du port. Nous nous concentrerons cette semaine sur les demandes complémentaires de nos opérateurs. Il faut permettre au personnel de se reposer, surtout dans cette période de pointe d’activité. Il faut pouvoir instaurer des shifts. L’AMM a renforcé sa collaboration avec la Chambre d’Agriculture. Il y a un lien naturel et vital entre les industriels et les agriculteurs et éleveurs. La culture vivrière compte 5000 travailleurs. Or, il y a moins de 200 permis accordés à ce secteur. Ce n’est pas suffisant pour récolter des légumes. L’AMM va aussi appuyer les demandes de la Chambre d’agriculture.
Quel rôle peut jouer l’AMM dans cette pandémie ?
J’espère que le pays, les autorités et les consommateurs comprennent aujourd’hui que le Made in Moris n’est pas qu’un élément de fierté. Aujourd’hui la production locale est vitale. Nous allons également nous assurer qu’une partie de notre production ira aux familles vulnérables via le Réseau Solidarité. Notre rôle vital se vérifiera aussi dans la fourniture des équipements de protection personnelle pour lutter contre le Covid-19. On ne pourra pas se limiter à des carnets de commandes gigantesques à la Chine, pour répondre à tous nos besoins. Il faudra être capable de fournir localement ces équipements. Il faut aussi faire tourner l’outil productif. Donc, il ne faut pas perdre de vue l’Afrique à côté, qui subira aussi les effets de la pandémie. Les pays africains auront les mêmes besoins que nous : alimentation, protection … Au niveau de l’AMM, on suit l’urgence locale, on explore le sourcing régional mais nous anticipons d’autres besoins, comme fournir les marchés voisins. Il faut déjà penser et lancer la reprise économique ! Il faut prendre la crise comme une opportunité de revoir nos fondamentaux.